Avant-propos
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : À fleur de page. Voir et lire le texte de la Renaissance
- Pages : 7 à 8
- Collection : Études et essais sur la Renaissance, n° 108
Chapitre d’ouvrage : 1/12 Suivant
avant-propos
Remontant aux cabales des cinéphiles français aux années 1950-1960, en 2011, Jacques Rancière a proposé que les adeptes préconisant le concept de « mise-en-scène » comme mesure du statut du réalisateur du film en tant qu’« auteur » n’avaient la moindre idée de ce qu’ils énonçaient à tue-tête. Prononçant de grandes vérités acquises dans l’obscurité des salles de cinéma parisiennes, au titre de la politique des auteurs, ils cherchaient à cerner ce qui du film américain, ce qui leur était étranger, exerçant une force d’attraction gigantesque, n’avait pas de nom. Mais il en fallait : en découlaient des luttes sanglantes dans lesquelles, adolescent à l’époque, il était imbriqué. Maintenant, vus de loin, ces débats le font sourire. Il s’agissait, dit-il, moins d’une politique d’auteurs, que celle d’une politique d’amateurs. Malgré leurs convictions férues et féroces ils découvraient le cinéma par le biais de la passion et de l’enthousiasme. Serait-ce ainsi dans les débats concernant l’histoire de l’accueil du texte de la Renaissance ? Le pari est qu’il induit une force d’attraction de la même magnitude, et que plaisir et passion, surtout à l’époque où le seizième siècle disparaît de l’université actuelle, est à transmettre aux autres. Devant une crise générale des arts libéraux dans le monde où nous nous trouvons, il nous faut de la conviction et de l’engagement.
Ainsi ce livre modeste, produit d’un amateur, cherche un lectorat qui se fie aux plaisirs auxquels il peut accéder sans souci de faille de maîtrise ou de carence de savoir. Le paradoxe est que l’auteur de ces pages doit tout aux savants passés et présents, ardents seiziémistes, sans l’appui desquels personne ne pourrait accéder au stade d’amateur. Je dois ma profonde reconnaissance à Mireille Huchon. Généreuse, vivace, spirituelle, après m’avoir invité à participer à un samedi de son magnifique Atelier de la Renaissance, elle m’a encouragé – inlassablement – à réaliser ce projet. Je tiens à remercier Gisèle Mathieu-Castellani, énergumène, qui depuis longtemps me fait confiance. Sans François Rigolot, collègue et cher ami depuis les années soixante, je n’aurais jamais « habondé » en ce sens de
la littérature de la Renaissance. C’est Dominique de Courcelles qui a vu en quelle mesure le cinéma a pour exemple et analogue l’écriture de la Renaissance. La force de ses convictions, ainsi que son amitié ferme et rassurante, me sont exemplaires. Je remercie Yves Hersant, collaborateur et co-conspirateur en projets liant les média de nos jours à l’art et au texte du seizième siècle, et lui sais gré de m’avoir ouvert au monde dont se réjouissent les enseignants et les étudiants de l’École en Hautes Études en Sciences Sociales. Avant de faire la connaissance de Frank Lestringant, j’étais, ainsi que je le suis toujours, fervent admirateur de ses recherches et de son écriture savante et percutante. Sa personne et ses recherches me sont précieuses. Je remercie Dominique Bertrand, fidèle collaboratrice et amie qui, depuis plus d’une décennie, me rassure que, dans le monde de la facétie, de Rabelais à Sorel et au-delà, ainsi que l’avait remarqué André Gide sur un plan de grande envergure, « c’est avec de bons sentiments qu’on fait de la mauvaise littérature ». Je tiens en admiration absolue Claude Blum, Jean Céard, Michel Jeanneret, et Daniel Ménager, leur encouragements m’étant décisifs ainsi que ceux de Michel Simonin qui m’était la prosopopée de la passion pour l’érudition. Mon collègue et ami Henri Zerner, qui me permet de participer à l’enseignement de l’art sous l’angle de la littérature à la Renaissance, m’est d’une inspiration sans fin. Il m’est impossible de faire mention de tous les collègues au « nouveau monde » qui ont inspiré ce travail, mais parmi eux : Jean-Claude Carron, François Cornilliat, Hope Glidden, Ullrich Langer, Richard Sieburth et surtout mon fort regretté mentor et ami Michel Beaujour.
Ce livre, séquelle à An Errant Eye : Poetry and Topography in Early Modern France (2011) d’où il a tiré des idées pour l’introduction et une partie du deuxième chapitre, est le fruit des séjours passés dans la Houghton Library à Harvard University. C’est là où les événements en ce livre ont eu lieu. Sans ses collections, et surtout sans l’appui sympathique des bibliothécaires Susan Halpert, Rachel Howarth et d’autres que je remercie vivement, ce projet n’aurait pas vu le jour. Le soutien quotidien de Verena Conley est à l’assise de ce projet, et c’est à elle, ici comme ailleurs, sans jamais l’admettre, amatrice depuis longue date du texte de la Renaissance, que je dédie ce livre.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-3250-7
- EAN : 9782812432507
- ISSN : 2114-1096
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3250-7.p.0007
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 06/12/2015
- Langue : Français